19 janvier 2022 in VIE DE FEMME

Les personnages du roman Presqu’une vie de Carmen Toudonou

Post placeholder image

Il y a plus d’hommes que de femmes dans le roman Presqu’une vie.  Tout ce beau monde est mené par ces hommes, des hommes de tous genres. Des hommes ordinaires, des fonctionnaires, des ouvriers… Les femmes pour la plupart sont des vendeuses ou femmes au foyer.  Les hommes ici contrôlent et gèrent tout. Ils régissent tout. Leur carrure déjà imposante impressionne le lecteur.  Ces personnages masculins sont physiquement grands, membrus et en imposent aux autres rien que par leur présence. Dès le début du roman l’auteur les présente dans la maison mortuaire assurant la sécurité du cercueil. Ils sont forts par la description qu’elle en donne : main puissante,  la poigne ferme, c’est un colosse. L’homme de la bécane nommé Tartuffe était aussi un « grand », un homme « énorme ». Le père de la narratrice nous apparait sous la plume de l’auteur « un solide gaillard, plus grand que la majorité des hommes du village. » tout ce qui touche aux hommes est exagéré, auréolé de puissance et de force car ils sont « grands, costauds, musclés » et mènent la danse.

Dans cet univers gargantuesque, seul le meunier l’homme au service des femmes et le crieur public semblent  arborer une fluette allure. Cependant ils ont de quoi compenser leur taille et leur carrure insignes: le bruit quasi permanent que le meunier génère par son travail même aux arrêts continue de tempérer dans l’inconscient général.  C’est dire combien il en impose aussi le meunier en rejoignant le lot des hommes conquérants du roman. Le crieur public quant à lui petit et rabougri est cependant doté de dons magiques et sa voix « puissante » surplombait tous les bruits. Le surveillant général bien que menu comme le meunier compense sa petite taille par la prouesse qu’il réalisa en maîtrisant l’élève épileptique qui fait baver de terreur ses camarades. Cette qualité compense bien sa petitesse.  

Les hommes sont sublimés dans le roman.  S’ils manquent d’être un colosse, Ils ont un autre atout attachant qui fait d’eux des personnages non négligeables de la société.  Le père de la narratrice a bien un métier.  Il construit des maisons.  De plus son don de beau parleur, intelligent et fin connaisseur de sa culture fait de lui le centre de mire de ses amis.  Nous avons aussi le directeur, le surveillant des responsables qui sont des leaders dans leur domaine.  La liste est longue et les hommes les uns autant que les autres dirigent la société… mais ils associent bien à cette grandeur un vice : la violence. Ils  sont violents, rudes, désagréables.

Les femmes, elles, sont à la suite des hommes épouses et mères, dans ce rôle séculaire qu’on leur connaît.  Elles sont douces, aimables et souvent dociles. La seule femme professeur dont la fonction déroge un peu à la règle, s’ennuie à mourir dans son travail et se montre peu à la hauteur. Dans la société, les femmes sont suivies de très prés par les hommes. Ces femmes auxiliaires des hommes, vivent dans la peur et le confinement. Elles sont tenues au respect strict des normes sociales. La moindre entorse est punie avec la dernière rigueur pour dissuader les potentielles candidates à la dérive. C’est le cas de la « femme curieuse » qui voulait percer le secret des vodouns de la nuit, les zangbétos. Elle paya cette audace de sa vie.

La seule fille « Akowe » c’est-à-dire la seule fille instruite du livre, décidée de relever la gent féminine est kidnappée et faite vodounsi… Contrainte par la suite d’épouser un homme qu’elle déteste, elle met en danger sa vie avec une grossesse clandestine. Elle dût par la suite fuir avec son amoureux pour mener la vie qu’elle s’est choisie. C’est dire la peur énorme dans laquelle végètent ces femmes de subir sans cesse.  Le cercle vicieux se serait fermé sur les femmes brouillant ainsi l’espoir de tout renouveau… Heureusement que l’héroïne réussit à sortir de l’impasse en réussissant brillamment. L’espoir est permis tant qu’il y a de la détermination. 

L’émancipation à quel prix !

Fémicriture,

Passionnément lire!




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *