Écrin d’ivresse
L’ouvrage sur lequel nous nous penchons cette fois-ci est un recueil de poèmes au titre très révélateur : Écrin d’ivresse. Il suppose que ce livre est un condensé d’ivresse. Les poèmes du recueil vont certainement vous procurer énormément d’excitation et de plaisir. C’est l’euphorie assurée. Du moins c’est ce que suggère le titre du livre. Préparez-vous donc à être soûlé d’émotion !
PRÉSENTATION DE L’ŒUVRE :
Le livre s’ouvre sur un échange téléphonique de messages. Tel un jeu les auteurs s’invitent à l’écriture : deux vers par message et voilà comment est né ce projet littéraire… Écrin d’ivresse est un ouvrage en trois parties. La première partie qui s’étend sur 72 pages est en réalité la seule écrite en duo. Elle est nommée Alliathif en son introduction et promet du lyrisme au lecteur. Ainsi peut-on lire à la page 17 à l’entame de cette 1ère partie :
« Nous sommes ennuyés
De livres qui enseignent,
Donnez-nous en pour émouvoir. » Théodore A. d’Aubigné
Chaque partie est ainsi soulignée par une citation introductive qui énonce en son contenu l’essentiel des poèmes à venir.
La 2ème partie, Parchemin soufflé, consacrée à Edison ADJOVI semble un chant, un long chant à l’autre, à l’être aimé. La troisième et dernière partie, Aurore et pétales est de la plume de Lhys DEGLA.
EXPLORONS LE LIVRE
Notre exploration de ce recueil prendra en compte la première partie de cet ouvrage, celle consacrée au dialogue des deux poètes. La plupart des poèmes de cette 1ère partie sont des poèmes d’amour. Mais certains poèmes consacrés à la maternité, à la mère, à la nature…sont d’un romantisme touchant.
Dans ALLIATHIF (1ère partie) une passion dévorante tient en haleine les amoureux. L’envie qui les tend l’un vers l’autre est si tenace qu’elle devient obsessionnelle. Il s’ensuit une détermination à toute épreuve pour rejoindre l’être aimé, pour le voir, le toucher, le sentir, s’enivrer de lui…
Les personnages très amoureux vivent sous l’emprise d’un envoutement peu ordinaire. Quand le prince murmure à la dulcinée :
« Mon iris s’est peint
Aux teintes de ta splendeur,
Mon odorat ne vit que de ton parfum. »
Il est clair que nous sommes là aux confins d’une passion délirante. L’appel des sens est au cœur de ces poèmes dont la lecture rappelle la poésie du 16ème siècle avec Ronsard… à la différence qu’ici le désir tient en émoi les amants. Apprivoisés dans une mutuelle dépendance, ils hurlent leur soif, leur manque, leur excitation à posséder et à se laisser aller. C’est « Un appel éhonté au péché. » qu’il s’agit et de frémissements sous la musique douce des doigts agiles de l’amant. Pour couronner le tout, ENVIE ce poème au cœur du livre reprend ce refrain longtemps égrainé par les amants… et comme on put s’y attendre, au cœur de ce tumulte amoureux et de ces envies inassouvies : la trahison, le coup fatal au cœur possédé. Cris, blasphèmes, attaque et accusation… la femme furieuse et dégoûtée se retrouve seule dans le poème Pas-à-pas pour dire sa solitude et sa joie de revivre et de profiter des choses simples de la vie.
Cette 1ère partie se referme sur un poème, un SOS qui remet en contact les amants d’autrefois. L’atmosphère est toujours aussi tendue, l’excitation à fleur de peau. L’amant rappelle le passé, dit son manque, formule ses envies de sa dulcinée. L’amante avoue sa souffrance et le manque qui l’étreint. Je crois qu’elle a déjà oublié la trahison et confesse que seul le souvenir des étreintes passées la maintient.
LES THÈMES
Les thèmes majeurs de ce recueil sont l’amour, le manque, le désir, la maternité, la nature, la trahison, la mort (la mort de l’enfant), la souffrance. Il y a pourtant un thème très présent dans ce recueil que je peine à nommer avec précision: c’est la valorisation de l’autre. J’ignore si formulé ainsi il révèle leur intention. Tout au long de ces poèmes les personnages se vouent un culte réciproque qui resserre les liens. On pourrait dire que sous l’emprise de l’amour, ils se voient sous ce prisme qui redore tout. Reconnaissons quand même que cet amour est pur et véritable. Qu’il ne souffre d’aucun calcul …
Un vocabulaire mélioratif parcourt pour ainsi dire tout le livre et lui donne un éclat lumineux.
JUGEMENT PERSONNEL
Le livre a-t-il tenu la promesse du titre ? Oui. Amplement ! L’ivresse coulait à flot… J’ai particulièrement aimé ce côté novateur du dialogue poétique. Le long chant d’amour et du manque né sous cette créativité est absolument enivrant. Les envolées lyriques, les répliques nerveuses, la tension qui monte, la tendresse qui apaise, le manque crié et l’envie qui tient en haleine les sens… Ma séduction à ce niveau est totale. C’est pourquoi j’ai moins aimé les autres parties qui nous servent du connu, de la poésie ordinaire. Cependant cette dernière partie comporte des extraits magnifiques.
Laisser un commentaire