Prix aux filles premières – Le droit de rêver
Le monde célèbre aujourd’hui les femmes. Moi je célèbre mes élèves filles. Je fête leur réussite, leur sens de l’égalité, leur farouche détermination. Amazones de mon école et de mon pays, je vous célèbre. Envers et contre tout vous l’avez réussi. Oui vous l’avez encore fait. Rien ne sera plus jamais comme avant. Vous nous dites, nous avons compris que seul le travail fera la différence. L’Education est notre rempart.
En 2003 quand j’ai commencé cette lutte pour l’éveil des filles, des collègues hommes sceptiques (j’étais la seule professeure femme de l’établissement) m’ont dit : « tu perds ton temps avec ces filles. Cette lutte n’aboutira à rien. C’est une perte de temps… »Je viens leur dire : « j’ai réussi. Pari gagné ! Nous avons réussi, les filles ont compris» La lutte continue certes, mais nous sommes en droit de nous réjouir de l’éveil des filles. En 2003, dans cette école où j’étais, il n’y avait pas de fille en classe de première ni en terminale. Aujourd’hui le nombre de filles dans ces classes dépassent parfois de loin celui des garçons. Depuis l’année scolaire 2016-2017, mes collègues et moi célébrons l’excellence de nos filles premières de leur classe. C’est une activité que je menais dans mon précédent collège et que nous reproduisons dans mon nouvel environnement. Elle vise à récompenser les filles premières afin de décider les autres à suivre leur pas. C’est notre façon à nous de dire aux filles : « Vous le pouvez, vous pouvez réussir, vous devez essayer de réussir, vous nous le devez bien… » Aux indolentes nous murmurons les mots de Aimé Césaire : « plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme, un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas ! C’est d’une remontée jamais vue que je parle, (demoiselle), et malheur à (celle) dont le pied flanche ! »C’est notre façon à nous de célébrer la femme, en l’éduquant. Pour en arriver à un tel résultat, c’est un véritable travail d’accompagnement que nous menons, aussi bien les enseignantes que les enseignants de mon collège. Enseigner est un acte d’amour et de don de soi. Nous l’avons compris et nous dévouons dans un processus permanent d’accompagnement des filles. A la première édition en 2016, nos avions quatorze filles 1ères de leur classe. Depuis nous avons remarqué une nette prise de conscience chez nos amazones. Le nombre de filles premières de leur classe a doublé. Et cerise sur le gâteau, depuis l’année dernière la première de l’établissement est une fille. Cette année elles sont vingt sept (27) premières de leur classe. Vingt sept têtes de proue, vingt sept futures leaders que nous nous préparons à honorer. Vingt sept amazones avec cinq Prix spéciaux émulation. L’année dernière nous avions deux Prix spéciaux Emulation. Le Prix spécial Emulation est donné aux filles d’une même classe qui développent un vrai sens du challenge et disputent âprement à la première sa place. Les moyennes dans ces conditions se talonnent dangereusement. Ce sont ces filles qui reçoivent le Prix spécial Emulation. Cette année ce sont quatre autres filles de la 6ème M1-A qui en même temps que la première de leur classe recevront ce prix. Nous en sommes si fières ! Nos nombreuses exhortations fonctionnent. Cette année je suis particulièrement honorée. Ma petite demoiselle, ma Lumière à moi fait partie de ce lot ‘‘Spéciale Emulation’’ et je me ferai le plaisir de lui remettre son prix et de lui dire : « Ma petite amazone, ma fonceuse, tu es en bonne voie, c’est là le chemin de la réussite, fonce ! » Je l’embrasserai tendrement et je lui dirai encore « tu es une lumière, bats-toi, ne lâche rien, prends ta part de soleil et éclaire le chemin». A tous mes collègues, je dis merci nous sommes en bonne voie. A tous nos donateurs, je dis merci. Nos filles ont tenu la promesse qu’elles nous ont faite de nous surprendre encore. Nous vous espérons.
Fémicriture,
Passionnément lire!
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