Extrait
Dans cet extrait du roman Les jours viennent et passent, nous voyons combien le mariage mixte est un sujet délicat pour les parents qu’ils soient Blancs ou Noirs.
« Un Blanc ? » s’était émue sa famille, « Une Noire ? » s’était affligée celle de Julien en écho. Les jeunes gens avaient ri de leurs appréhensions. À Noël, Abi avait offert à sa belle- mère, bourgeoise catholique de province, un CD du sketch de Muriel Robin « Le Noir ». Elle n’avait pas trouvé cela drôle : « Nous ne sommes pas racistes, tu sais bien mon Julien, d’ailleurs tu connais les Traoré, cette famille d’Ivoiriens qui fréquentent notre église, eh bien je les trouve charmants, mais enfin, un mariage c’est pas pareil. Es-tu bien sûr de toi ? Abi a besoin de papiers c’est cela, elle est situation irrégulière ? Parce que d’accord, elle est mignonne mais enfin, nous sommes tellement différents de ces gens-là… » Anna d’ordinaire ouverte d’esprit s’était elle aussi crispée : « Mais pourquoi vous marier tout de suite ? Vivez un temps ensemble et tu verras bien si cela te convient. Il est circoncis au moins ton Blanc ? Et tes enfants, ils seront élevés comment tes enfants ? Ils oublieront nos coutumes. Ces gens-là ne sont pas comme nous. » Sa mère si résolument moderne s’alarmait soudain que ses petits-fils ignorent des traditions qu’elle-même s’était gardée de transmettre à Abi.
Les hommes se montrèrent plus ouverts, ou exprimèrent peut-être moins leurs angoisses. « S’il te rend heureuse ma fille, je n’ai rien à redire » fut le seul commentaire de son père. Elle n’en attendait pas moins de celui qui l’avait soutenue dans ses choix sans jamais la brider.
Hemley Boum, Les jours viennent et passent, Gallimard, Pages 71 à 72
Fémicriture,
Passionnément lire!
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