La saison de l’ombre – Leonora MIANO
Une colère sourde m’étreignait l’âme alors que je découvrais le livre. Les mensonges dont les cours d’histoire nous ont nourris toutes ces années sur les réelles pratiques esclavagistes s’écroulaient… Nous blâmions nos aïeuls d’avoir vendu leurs sujets par pur plaisir, par vice sans comprendre quelles contraintes pesaient sur certains ni dans quels guêpiers ils se démenaient, ni comment pour préserver leurs propres populations ils étaient amenés à livrer à contre cœur des peuples voisins… Du moins c’est ce que dévoile ici l’auteur. Je peux exprimer ici les frissons que j’ai éprouvées en vivant avec les Mulongo la perte d’une frange de leur population, douze hommes : 10 jeunes initiés, les ainés de leur mère ainsi que leurs deux maitres, disparus une nuit, volatilisés comme par magie. Ce mystère sera la trame de l’histoire. Cette disparition bouleverse l’équilibre de ce village sans histoire. Plus j’avance et plus j’ai du plaisir à lire ce livre. Je me remercie de ce choix.Des lamentations, des inquiétudes, des questionnements sans réponse. Un incendie a dévasté le village, « LES RAZZIAS » 12 hommes ont disparu 10 jeunes initiés, les ainés de certaines femmes et 2 hommes d’âge mûr. Les mères sont inconsolables. Certaines femmes très attachées à leurs enfants entendent des voix leur parler… le mystère va-t-il être décodé? Une femme, Eyabe plus réceptive entend clairement son fils lui parler d’eau… elle part clandestinement en exil avec la bénédiction de la doyenne d’âge du village… Je peux vous dire la rage et les remuements intérieurs que j’ai éprouvés en découvrant la vérité sur leur disparition, l’angoisse que j’ai éprouvée face à la souffrance des mères dont les ainés ont disparu. Où sont bien passés ces hommes ? Où sont passés les ainés des mères ? Comment continuer la gestion de la cité sans eux ? Ces nombreuses interrogations maintenaient le village dans un état de souffrance et de tension palpable. Dans La saison de l’ombre tout est de grâce et de dignité chez les Mulongo, une population paisible qui sera décimée au nom de l’esclavage. Tout est paix, solidarité et partage avant la nuit fatidique. Aucune agitation ni précipitation chez ces paisibles populations traumatisées par l’incendie…Tout acte est motivé par la réflexion, la concertation et plébiscité par la décision du groupe. Les Bwele contrée voisine, la contrée qui portera le malheur, tout est fourberie et trahison, calcul individualiste et malice. Ils sont à la solde des Blancs et exécutent leur volonté afin de « survivre ». Vous dire ce livre c’est vous réduire à mes vues. Je refuse de vous faire un tel affront. Je risque d’être subjectif. Vous devriez explorer page par page son contenu, promesse d’une résurrection de mentalité. Vous devez vous abreuver de sa substance, de ses vérités et acquérir une nouvelle vue sur la traite Négrière, les luttes des peuples assujettis par les armes, par la fourberie et les mensonges. La trahison des voisins plus puissants, plus rusés, plus calculateurs…Un vaste conflit d’intérêt et de pouvoir.
Je ne vous dis pas quel plaisir intense j’ai ressenti à lire ce roman. Allez puisez le vôtre. Ce livre a juste besoin d’être lu et relu.
A vos livres !!Vous me remercierez. Moi j’ai aimé
Fémicriture,
Passionnément lire !
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