L’aliénation est assurément la plus grande mutilation que puisse subir un homme […] Le désordre qui bouleverse le monde a pour cause l’aliénation collective… Chacun refuse d’être soi-même et se perd dans l’illusion qu’il peut se tailler un manteau selon sa propre fantaisie… Le mal est universel… Personne ne sait plus à quoi s’accrocher. L’idéal n’existe plus, mais la course vers les ténèbres. L’homme perd ses racines, et l’homme sans racine est pareil à un arbre sans racines : il se dessèche et meurt. (Un homme qui a perdu son identité est un homme mort…) Le refus de Diattou et de Ndiogou, leur obstination à vouloir détourner Nalla des tams-tams, c’est le rejet d’une partie de leurs racines. Peut-être n’en ont-ils pas conscience… Et lis renieront progressivement d’autres parties de leurs racines sans jamais réussir à les compenser par des racines appartenant à d’autres. Ils se trouveront alors dans une position incontournable de celui qui trébuche éternellement sur un fil suspendu dans le vide, ne pouvant poser le pied ni à droite ni à gauche… C’est cela l’aliénation, et c’est ce qui guette ce couple… Déséquilibre spirituel… Déséquilibre mental.
Aminata Sow Fall, L’appel des arènes, Les classiques africaines, 2006, pp53-54.
Un commentaire